1752-04-20, de Sophia Friderika Wilhelmina von Preussen, margravine of Bayreuth à Voltaire [François Marie Arouet].

La pénitence que vous vous Imposés a achevé de fléchir mon Couroux.
Je n'avois pu encore oublier votre Indifférance. Il ne falloit pas moins qu'un Pèlerinage à Notre Dame de Bareith pour effaçer votre pêché. Frère Voltaire sera pardoné à ce pris. Il sera le bien venu ici et y trouvera des amis empressez à l'obliger, et à lui témoigner leur estime. Je doute encore de L'accomplissement de vos promesses. Le Climat d'Allemagne a t'il pu en si peu de tems réformer la Légèreté Françoise? Le voyage de France et d'Italie réduits en châteaux en Espagne me font craindre le même sort pour cellui ci. Soyez donc archigermain dans vos résollutions et procuré moi bientôt le plaisir de vous revoir. Quoi qu'absent vous avez eu la faculté de m'arracher des Larmes. J'ai vu hier représanter votre feaux Profête. Les Acteurs se sont surpassés, et vous avez eu la gloire d'Emouvoir nos Coeurs Franconiens qui d'ailleurs ressemblent assez aux Rochers qu'ils habitent. Le Marquis d'Adamar a fait écrire il y a déjà 4 semaines à Mr de Folard. J'ai oublié de vous le mander dans ma dernière Lettre. Vous jugez bien que ses offres ont étés reçus avec plaisir. Monperni lui a écrit en conséquance. J'espère qu'il sera Content des conditions, elles sont plus avantageuses que celles qu'il avoit désirées. Elles conssistent en 4000 Liv: la Table et le fourage. Je vous prie d'achever votre ouvrage et de faire enssorte que cella soit bientôt fini. Je vous en aurai une obligation Infinie. Vous sçavez que le titre qu'il demande n'est point usité en Allemagne. Comme il répond à cellui de chambelan il aura ce titre auprès de moi. Le tems m'empêche de vous en dire d'avantage aujourd'hui. Soyé persuadé que je serai toujours votre amie

Wilhelmine