1757-04-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude François Passerat de La Chapelle.

Je suis très sensible, monsieur, à votre attention obligeante.
J'espère qu'après avoir exercé la médecine dans votre île, vous irez rendre les mêmes services au continent; une armée de cent mille hommes qui va en Allemagne affronter la chaleur étouffante des poètes, et boire des vins du Rhin et du Nekre, aura bien autant besoin de médecins que de généraux. On dit l'île de Minorque où vous êtes fort saine, mais habitée par des gens fort sots. Vos Français les déniaiseront, et les enfants qu'ils auront la bonté de faire aux Minorquaines ne seront pas encapuchonnés. J'imagine que jusqu'à présent les petits Minorquins n'ont été vêtus en moines que parce qu'ils portent l'habit de leurs pères.

Adieu, Monsieur, comptez sur l'attachement de votre &c.

V.