à Paris le 26e Décembre 1756
Le sort de l'amiral Bing me fait grand pitié; Je vous assure que tout ce que j'ai vu et sçu de lui ne devait tourner qu'à sa gloire; elle ne doit point être attaquée quand on a été battu, après avoir fait tout ce qu'on pouvait attendre. Il faut bien que quand deux honnêtes-gens se battent, il y en ait un qui aie du désavantage sans que celà puisse lui faire tort. Toutes les manoeuvres de l'amiral Bing ont été admirables, au dire naturel de tous nos marins; les forces étaient au moins égales, puisque les Anglais avaient treize Vaisseaux et que nous en avions douze, avec des équipages plus nombreux & plus frais. Le hazard qui préside à tous les combats, et surtout à ceux de mer, nous fut plus favorable en envoyant plus de nos boulets dans les manœuvres des Anglais; et il me semble qu'il est généralement reconnu que si les Anglais s'étaient obstinés, leur flotte aurait été perduë; de sorte qu'il n'y a jamais eu d'injustice plus criante que celle qu'on voudrait faire à l'amiral Bing; et tout homme d'honneur, et tout militaire, surtout, doit s'y intéresser. etc.