aux Délices près de Geneve 27 octb [1756]
Je ne peux vivre sans ma rente monsieur; et il est stipulé par mon contract avec s. a. s. que je serai payé exactement tous les trois mois.
C'est presque le seul bien qui me reste dans ma vieillesse. Je me suis acordé à n'être payé que de six mois en six mois pour vous donner plus de facilité. Les trouppes qui sont en Alzace favorisent sans doute la vente de vos denrées. Enfin Monsieur j'ay lieu d'attendre que vous entrerez dans ma situation. C'est me priver des aliments que de différer le payement de mon bien. Si vous avez besoin d'ordres pour me rendre la justice que je demande, dites moy je vous prie à qui je dois m'adresser. Que je sache au moins monsieur quand vous comptez me payer. Je prendrai de concert avec vous les arrangements convenables mais songez je vous prie à la nécessité où je suis, et à la justice que j'attends de vous.
Je suis de tout mon cœur Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire