aux Délices près de Geneve 12 octb [?1756]
Ce que vous ne pouviez m'aprendre madame et ce que j'apprends, me pénètre de la plus vive douleur.
Vous ne sauriez vous imaginer combien je m'intéresse à votre grand procez et aux personnes dont vous me faittes l'honneur de me parler.
Une partie de ce procez serait elle jugée sans ressource? Je vous conjure par l'amitié tendre et respectueuse que je vous ay vouée de vouloir bien me dire où vous en êtes, et si vos avocats espèrent encor quelque chose. Ils connoissent les loix; ils sont parfaitement dirigez. Je voi que la partie adverse se remue d'une manière terrible et qu'elle a un prodigieux crédit. Mais enfin votre cause est bonne devant Dieu et devant les hommes. Vous avez de bons et de puissants amis; il ne faut pas se décourager. Madame la duchesse dont vous parlez avec tant de transport, et cet homme si aimable qui écrit des choses si jolies sur une liste des vins et ses amis ont de quoy fournir encor bien des procédures. Enfin madame je vous supplie de m'apprendre ce que les sages têtes qui favorisent votre affaire en pensent actuellement. Connaissez mon cœur au tendre intérest que je prends à ce qui vous touche. Je connaîtrai vos bontez à la promtitude avec la quelle vous daignerez m'instruire de votre état. Comptez sur un attachement aussi vif, que ma santé est faible.