[March/April 1756]
Vous pouvez mander monsieur à tous vos correspondants qu'il est très vrai que je n'ay ny donné ny pu donner qu'à vous mes véritables ouvrages considérablement changez et augmentez.
Comme j'y travaille à mesure qu'on les imprime, il m'est impossible de faire exécuter cette entreprise autrement que sous mes yeux. J'aurais voulu faire plaisir au sr Lambert, mais je ne peux conduire à la fois une édition à Geneve et l'autre à Paris. Si le sr Lambert réimprime l'ancienne édition qu'il a faitte je ne peux l'en empêcher. Il vient de réimprimer le téâtre et la Henriade suivant la dernière édition de Dresde. Mais s'il n'attend pas votre édition complette pour achever la sienne, il ne me fera pas plaisir, et il se fera tort. J'aurais voulu qu'il s'associât avec vous. Mais il a mieux aimé travailler de son côté. Je suis fâché de cette concurrence. Mais enfin s'il ne donne qu'une édition non complette et non corrigée, je suis persuadé qu'on préférera la vôtre; le temps presse. Je ne peux que vous renouveller mes sentiments.
V.