aux Délices près de Genêve 10 8bre 1755
Monsieur,
Vous n'avez sans doute rien compris à La lettre que je vous ai écrite il y a quelques jours.
Je croyais que mr de Voltaire vous écrirait une lettre par la quelle il vous manderait qu'il vous enverrait dans quelque temps les corrections et les changements dont vous avez besoin pour l'édition que vous faites. Il ne vous l'écrira plus cette lettre, et il ne vous enverra point de changements. Messieurs Crammers qui ont appris que vous faisiez cette édition, prétendent qu'il ne vous envoye absolument rien, et ils font le diable à quatre. Si votre projet est de faire toujours une édition des Œuvres de mr de Volt… vous serez obligé de la faire sur une des anciennes la moins fautive, pourvu que vous ne vouliez vous arranger avec mrs Crammers. Je ne comprends jamais rien aux idées de mr de Voltaire sur L'impression de ses ouvrages; et le parti le plus sûr est de ne s'en pas mêler.
Je vous prie, Monsieur, de ne me compromettre en rien; ma reconnaissance pour vous égalera les tendres sentiments avec les quels je serai toute ma vie
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Colini
Je prie made Lambert d'agréer ici mes très-humbles respects