1755-09-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Je n'ay pu monsieur entendre César faire l'histoire de la guerre et haranguer contre le métier des armes.
Il me prit un grand vomissement le jour même que vous me fîtes l'honneur de venir chez moy. J'ay été fort faible depuis. C'est mon état, et il faut que je me soumette à touttes les tribulations de la vie.

Je ne vous consulte point sur mon chétif corps parisien, mais sur le corps jeune et vigoureux d'un suisse à qui je m'intéresse. C'est mr de Gies. Il a la maladie dont Louis 15 a réchappé. On luy donne tisanne antiputride. On attend crise qui ne vient point. Le malade se soutient. Quelques évacuations le soulagent. Ne faudrait il pas aider un peu la nature? Un petit purgare est il de mise? Dites ouy ou non, et j'écrirai il l'a dit. Pour moy, sain ou malade, mort ou vif, je vous suis attaché tendrement pour jamais.

Volt.