1755-08-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Pardon pardon.
J'ay très bien compris la pancarte que Monsieur votre frère m'a expliquée, et me voylà au fait. Il ne s'agit plus mon cher correspondant que d'employer à vivre doucement ce que vous voulez bien avoir la bonté de gouverner. Il faut embellir les Délices, rendre Monrion agréable, aller d'un bout du lac à l'autre, y boire votre vin, et oublier les pucelles. Il faudrait que tous les diables d'enfer fussent déchainez pour que ce pucelage de trente années vint me persécuter dans ma vieillesse. J'ay cherché une solitude, un tombeau. Me l'enviera t'on? En attendant souvenez vous de nous, mon cher monsieur, quand vous ferez venir du sucre, et de ce bon vin de st Laurent, nous vous remercions mille fois de tout ce que vous nous avez envoyé. Continuez à l'oncle et à la nièce une amitié dont nous sentons tout le prix. Je vous embrasse bien tendrement.

V.