Mon cher ange votre lettre du 25 juillet m'aprend que vous avez reçu la petite correction du quatrième acte conformément à vos désirs et à vos ordres.
Je ne doute pas que vous n'aiez reçu aussi celle du second acte. Le violent chagrin que me cause cet abominable ouvrage qu'on fait courir sous mon nom, me met hors d'état d'embellir comme je le voudrais une tragédie que vous aprouvez. Pourquoy mr de Richelieu imagine t'il que je luy envoyais un exemplaire rapetassé? Je luy envoiais comme à vous quelque chose de bien meilleur que la rapsodie qui court. Il n'a point reçu son paquet. Apparemment que Mr de Paulmi a voulu en prendre copie pour son droit de transit. A la bonne heure. Mr de Richelieu me gronde sur la distribution des rôles. Je ne m'en mêle point, c'est à vous mon cher ange à tout ordonner avec luy. Gengis et Zamti sont deux rôles que Granval et le Kain peuvent jouer. Faites tout comme il vous plaira. Mon unique occupation est de tâcher de vous plaire. Mais le pucelage de Jeanne me tue. Je vous embrasse mille fois mon cher ange.
V.
31 juillet [1755]
Je r'ouvre ma lettre. J'apprends dans l'instant qu'on a encor volé le manuscrit de la guerre de 1741 qui était dans les mains de mr Dargenson, de mr de Richelieu, et de me de Pompadour. On a porté tout simplement le manuscrit à mr de Malzerbe qui donne aussi tout simplement un privilège. Je vous conjure de luy en parler, et de l'engager à ne pas favoriser ce nouvau larcin. On dit que cela presse. Je n'ay d'espérance qu'en vous.
Revenons aux chinois. Granval à qui j'ay donné 50 louis pour le duc de Foix refuserait il de jouer dans l'orphelin au nom du tien? Arrangez cela avec mr le maréchal.