1755-07-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Mon cher abbé je n'ay point de place pour un tableau de six pieds.
Je n'en ay que pour les deux Albanes. J'ay une autre petite maison sur les bords de mon beau lac où j'auray besoin de tableaux plus petits. J'irai bientôt prendre les mesures et j'aurai recours à vos bontez. Si vous pouviez faire mettre de belles bordures aux deux Albanes je les payerais, mais si à la réception de ma lettre, vous n'avez pas de ces belles bordures prêtes, je recevrai avec plaisir celles qui apartiennent aux deux Albanes. Vous pouvez mon cher abbé prendre chez monsieur de Laleu l'argent que coûtent les deux tableaux et les caisses. Il ne fera nulle difficulté de vous donner cet argent quand vous luy montrerez ce petit mot. Je vous prie de luy faire bien mes compliments. Monsieur Tronchin dont vous me parlez est le frère de mon banquier de Lyon. Il est du conseil de Geneve, c'est un homme très aimable. Il a un joli cabinet dont quelques tableaux viennent de vous. Vous seriez à Geneve en pays de connaissance, mais il y a bien peu de curieux. J'y vait très rarement. Je suis presque toujours à ma campagne que j'aime et que je rends assez agréable. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V.