aux Délices 4 auguste 1762
Je vois monsieur que les finances d'un royaume sont difficiles à gouverner, puisque je n'ay pu mettre encor dans les miennes l'ordre que je désirais.
Je me flatte enfin que j'en viens à bout grâces à vos bontez. Il n'y aura plus de petites parties, plus de petites lettres de change pr les marchands de Geneve. M. de Laleu, secrétaire du roy, notaire, rue ste Crois de la Bretonnerie, consent de donner à commencer du dernier juillet cent vingt louis d'or par mois qui suffiront assurément pour le courant d'une maison, très bien pourvue de tout. J'auray quelque argent comptant pour faire face aux affaires imprévues et je laisserai entre vos mains cent cinquante mille livres aux quelles je ne toucherai certainement pas.
Ainsi Monsieur si vous voulez avoir la bonté de nous faire parvenir centvingt louis de mois en mois tirez sur mr Delaleu qui les payera à votre ordre, tout sera dans la règle la plus simple. Vous pouvez dès ce moment vous faire payer de ces cent vingt premiers louis — et ainsi les premiers jours de chaque mois. Je vous supplierai en même temps d'avoir la bonté de me faire parvenir ce que vous pourez d'argent en laissant subsister dans votre caisse les cent cinquante mille livres. J'ay la vanité de croire que vous me regarderez comme un bon œconome.
Tout ce qui est aux Délices, vous embrasse de tout son cœur, et surtout moy qui serai toutte ma vie avec le plus tendre attachement Monsieur, v. t. h. ob. str
V.