à Ferney par Versoi et Lyon 22 Juillet 1768
Enfin donc, Monsieur, nous avons un bon Mercure.
L'ennui que l'autre m'avait causé m'avait forcé d'y renoncer depuis cinq ans; mais puisque vous vous en mêlez je reprends mes premiers engagemens. Je vous prie de me compter au nombre de vos souscripteurs. Je sais qu'il y a plusieurs gens de lettres qui ont des pensions sur ce bénéfice; il n'est pas juste qu'on diminue leur portion. Votre commis pourra quand il voudra se faire payer chez M. de Laleu, secrétaire du Roi, Notaire, rue ste croix de la Bretonnerie.
Il me semble que vous ne perdez pas votre temps; le Mercure, l'avantcoureur, les livres nouveaux, en voilà bien à la fois. Je souhaite que vous ayez autant de succès que vous avez d'esprit et de goût.
Je ne sais si M. de la Harpe a part au Mercure. Je crois que vous ne pourriez avoir un meilleur second.
Si après avoir ressucité le Mercure avec vous il veut ressuciter le théâtre, ce sera rendre de grands services à la nation; mais il semble qu'elle ne les mérite guères, tant le mauvais goût parait enraciné. Je vous exhorte tous deux à combattre courageusement, vous êtes faits pour exterminer les barbouilleurs de mauvaise prose et de mauvais vers. Je finis ma lettre, de peur de leur ressembler. Comptez, Monsieur, sur l'estime et l'amitié d'un solitaire qui n'est plus bon à rien qu'a sentir votre mérite.
V…