1754-12-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je reçois monsieur l'honneur de votre lettre du 27.
J'ay toujours des grâces à vous rendre. Voicy d'abord un petit papier contenant la consommation des affaires avec mr Turkeim de Strasbourg.

On m'a toujours dit du bien de mr David du Mont; mais ou il est mort, ou il luy est deffendu d'écrire. J'ay deux billets de luy du 31 may 1754, l'un de 9360 Risdalers payables en louis d'or à la foire de pâques 1755, l'autre de 7787 Risd., payables en louis d'or à la foire st Michel de l'année courante.

Il m'écrivit à la st Michel que je luy ferais plaisir de luy laisser ces 7787 jusqu'à pâques prochain à 4 pr cent. J'y consentis, je luy demandai un nouvau billet, et depuis ce temps je n'ay point de ses nouvelles. Je vous prie monsieur de faire écrire à quelque correspondant de Leipzik pour me tirer d'inquiétude.

Quand j'aurai besoin d'argent je m'adresserai à mrs Cadhala et Laserre, ou à mr Chapuy.

Quand je voudrai jouir d'une vie douce et d'un commerce charmant, ou plutôt quand je pourai, je m'adresserai à vous.

Apropos de commerce agréable, de bonté de cœur etc. nos tendres compliments je vous en prie à mr de Gaufecour.

Permettez que je vous adresse cette lettre pour Cadix.

Vous devez àprésent avoir reçu les 50000lt de mr de Laleu par m. Lottin.

Je vous embrasse, je vous remercie, je suis bien malade, je soufre patiemment et de plus d'une façon. Je vous aime de tout mon cœur, autant en fait ma nièce.

Votre très h. et ob. serv.

Voltaire