1755-06-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Étienne Darget.

Il faut encore vous reparler, mon ancien ami, de ce diable de manuscrit.
Tout le monde sait dans Paris que c'est votre beau-frère qui l'a apporté. M. le duc de la Vallière me mande qu'on lui en a offert un exemplaire pour mille écus. Quelles tristes circonstances pour votre beau-frère, pour vous même, et surtout pour moi! On a chargé de cet exemplaire un nommé Grasset. Je vous conjure d'écrire à votre beau-frère.

Engagez le, par tous les motifs qui vous touchent, à retirer les exemplaires qui lui ont échappé, ou du moins à indiquer à qui je dois m'adresser. Je ne sais si je dois écrire au prince Henri. J'attends sur cela vos conseils quoique le temps presse. Vous êtes au fait, je vous prie de m'y mettre. Votre cœur vous dit quelle est ma triste situation. Tout cela ne contribue pas à guérir un vieux malade. J'attends de vous ma consolation. Je vous embrasse de tout mon cœur.