1755-05-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je reçois mon cher correspondant votre lettre du 25.
La poste part. Je n'ay que le temps de vous dire que made Denis abuse de vos bontez, qu'elle est insatiable, qu'elle me gronde de ce que je n'ay pas pris la liberté de vous parler de six manchettes de maroquin rouge, et de six autres de maroquin jaune pour les 12 fauteuils de canne, elle prétend que j'ay dû encor vous importuner pour deux encognures, c'est à dire pour deux petites commodes qu'on met dans le coin d'une chambre, soit bois de palissandre, soit noyer, soit marqueterie, soit neuf, soit vieux; elle dit que j'ay dû m'adresser à votre complaisance. Je luy demande pardon, mais à vous monsieur bien davantage. Nos Delices auront la plus belle basse court du monde. Quand viendrez vous manger vos poules et vos œufs? Heureux qui pond sur ses œufs. On me chicanne à Paris. Adieu.

V.