1754-07-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Antoine Devaux.

Mon cher Panpan mademoiselle de Francheville vient de mourir subitement, pendant qu'on dansait à deux pas de chez elle, et on n'a pas cessé de danser.
Qui se flatte de laisser un vide dans le monde et d'être regretté, a tort. Elle doit pourtant être regrettée de ses amis, elle l'est baucoup de moy qui connaissais toute la bonté de son cœur. Elle m'avait montré une lettre de vous dont je vous dois des remerciements. J'ay vu que vous souhaittiez de revoir votre ancien ami. Vous parliez dans cette lettre des bontez que madame de Bouflers et mr de Croye veulent bien me conserver. Je vous supplie de leur dire combien j'en suis touché, et à quel point je désirerais de leur faire encor ma cour. Mais ma santé désespérée et des affaires me rappellent à Colmar où j'ay quelque bien qu'il faut arranger. Madame Denis m'y accompagne. Mes deux nièces vous remercient des choses agréables qui étaient pour elles dans votre lettre à melle Francinetti. Adieu mon ancien ami, votre belle âme et votre esprit me seront toujours bien chers, et vous devez toujours me compter parmy vos vrais amis.

V.