1754-07-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

Je n'ay reçu qu'hier mon cher ami votre lettre du 10 juin qui m'a été renvoyée enfin à Plombieres.
Je suis affligé de vous savoir malade. Je le suis cruellement de mon côté. Mais je n'en songe pas moins à vous. Mandez moy directement à Plombieres si vous avez reçu le reste des feuilles de la part de Shœpfling. En cas qu'il ne vous ait pas tenu sa parole je vous dépêcherai sur le champ les feuilles que j'ay à Plombieres.

Je crains bien que les deux premiers volumes de cet essai sur l'histoire universelle que vous avez voulu imprimer ne vous aportent plus de préjudice que de profit, vu les nombreuses éditions qu'on en a prodiguées coup sur coup, et la condamnation publique que j'ay été obligé d'en faire.

Je serai forcé de donner un jour tout cet essai complet mais il est bien triste qu'on en ait publié un commencement si informe.

Je ne laisse pas de travailler à corriger votre édition en 7 volumes, malgré les maladies qui m'accablent. Je voudrais pouvoir être à Gotha, je serais à portée de vous être plus utile, mais ma déplorable santé ruine mes espérances et mes projets. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur

V.