1754-01-24, de Louis Élisabeth de La Vergne, comte de Tressan à Pierre Louis Moreau de Maupertuis.

… On dit que Voltaire est à Colmar; je sais qu'il est furieux contre moi, mais cela m'est égal: j'ai vu une brigue formée à Lunéville pour que le roi de Pologne lui donnât un asile à la cour.
Attaché à la gloire de ce prince, je lui ai représenté vivement combien le roi de Prusse, son ancien ami, serait blessé de savoir Voltaire à la cour. Ce mot a suffi pour le déterminer à faire écrire à Voltaire qu'il ne pouvait ni ne voulait le recevoir en Lorraine. Je ne vous mande ces détails que pour que vous ne les ignoriez pas. Je serais bien affligé que vous crussiez que je cherche à me faire un mérite d'une action que tout bon serviteur du roi de Pologne et tout homme aimant le mérite et la vertu aurait fait à ma place; et d'ailleurs, mon cher et illustre président, mon cœur et mon existence littéraire ne seront ils pas à vous?…

De Tressan