1748-03-02, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Marc Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson.

Eh bien, monsieur, je vous l'avais bien dit, me voilà à Lunéville.
Je vous assure que nous y avons passé un bien joli carnaval. Le roi de Pologne me comble de bontés, et je vous assure qu'il est bien difficile de le quitter. Je compte cependant avoir l'honneur de vous revoir avant la fin de ce mois. Vous savez que mon fils est arrivé à Gênes. Il a pensé se noyer dans le trajet. Je voudrais bien que vous eussiez pensé qu'il est Lorrain, quand vous avez donné les gouvernements de Lorraine. N'y aurait il pas moyen d'avoir une lieutenance de roi, si vous les remplacez? J'espère que vous voudrez bien penser à lui. Je ne pense pas avoir besoin auprès de vous de la recommandation du roi de Pologne. Je compte trop sur vos bontés pour moi.

M. de Voltaire, qui est ici et point à Nîmes, me prie de vous présenter ses respects. Soyez, je vous supplie, bien persuadé de l'attachement inviolable que je vous ai voué pour la vie. Vous m'avez défendu les compliments, et, comme cette défense est une marque de vos bontés, je me garderai bien de l'oublier.

Le vieux Villars était brodé, et nous ne le sommes pas.

Breteuil du Chastelet