1748-10-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Louise Denis.

Que vous me négligez ma chère enfant! Si c'est pour la femme à la mode, je vous pardonne, mia cara perche lasciar mi affatto?
Nous voiageons continuellement. Nous voici à la Malgrange, demain à Commercy, de là à Lunéville. Ecrivez moy toujours à la cour du roy de Pologne en Lorraine. Mais m'écrirez vous ma chère paresseuse? Où êtes vous, que faites vous? N'avez vous rien à me dire sur votre comédie, sur vos amusements, sur votre coeur, sur la citadelle de Lille? Je passe ma vie à ruminer comment je pourois faire pour passer avec vous le reste de ma vie. Ecrivez moy du moins. Songez que mon cœur est à vous et qu'il y sera jusqu'au dernier soupir de ma vie.

V.