à Colmar ce 31 8^bre 1753

Monsieur,

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, et je vous en remercie tendrement. Nous avons passé une quinzaine de jours à la Papeterie de Mr. Schœpflin; elle est située entre des montagnes, et l'endroit doit être charmant au milieu de la Canicule. Vous me demanderai ce que Mr. de Voltaire y a fait: il a toujours été dans sa chambre, ou pour mieux dire dans son étuve où il avait toujours un poële ardent; il a écrit, il a lu, il a joué aux échecs, il a eu la colique etc. etc. Il a reçu, Monsieur, la malle que vous avez eu la bonté de lui envoïer, mais il n'a point reçu la ballot que vous marquez lui avoir adressé. Voulez-vous me mander où je puis trouver ce ballot? Mr. de Voltaire me charge de vous faire ses compliments, et de vous dire qu'il compte avoir l'honneur de vous revoir bientôt, si sa santé le lui permet; elle lui empêche, Monsieur, de vous écrire de sa main.

Je vous prie de présenter mes respects à nos hôtesses, et de croire que je suis avec toute la reconnaissance que je vous dois

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur
Colini