A Berlin ce 1er juillet 1753
Monseigneur
Comme je viens de trouver une occasion sûre, je vous envoye ci-joint, les copies de la lettre que made Denis m'a écrite et de celle qu'elle m'a prié de rendre au Roy de Prusse; dont j'ai eu l'honneur de vous parler dans la mienne en date d'hier.
Le porteur de celle ci est le sr Duvergé, chirurgien françois, qui avoit été appellé ici pour guérir Mr de Fredersdorff, valet de Chambre, Thrésorier, et homme de confiance de sa Majesté prussienne. Ce chirurgien, attaché à Mr de Lucé, Intendant d'Alsace, reprend demain la route de Strasbourg, d'où cette lettre vous parviendra par la poste.
Comme celle que made Denis m'a envoyée pour le Roy de Prusse est par duplicata, et que ce prince en aura vraisemblablement déjà reçu le double, je crois ne pouvoir me dispenser de la remettre à Mr le Cte de Finck. Je compte de le faire aujourd'hui. Ce ministre en fera ce qu'il jugera àpropos, sans que je m'en méle en aucune façon, à moins, Monseigneur, que par des ordres différens de ceux que vous m'avés donnés cet hiver, vous ne me prescriviés une autre conduite.
Je suis fâché que made Denis m'ait adressé cette lettre. Si on l'a ouverte ici à la poste, le Roy de Prusse n'aura pas trouvé bon, qu'elle m'ait instruit des particularités du procédé que l'on a exécuté envers elle et son oncle par les ordres de ce prince.
J'ai L'honneur d'être avec un très profond respect
Monseigneur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Le Cher De Latouche