à ma maison de Sanssouci ce 26 juin 1753
J'ai receu une lettre de la nièce de Voltaire que je n'ai pas trop comprise.
Elle se plaint que vous l'avés faite enlever à son auberge, et conduire à pied avec des soldats qui l'escortoient. Je ne vous avois rien ordonné de tout cela, il ne faut jamais faire plus de bruit qu'une ne le mérite. Je voulois que Voltaire vous remit la clef, la croix et le volume de poésies que je lui avois confié. Dès que tout cela vous a été remis, je ne vois pas de raison qui ait pu vous engager à faire ce coup d'éclat. Rendés leur donc la liberté dès ma lettre receue. Je veux que cette affaire en reste là, qu'ils puissent aller où ils voudront et que je n'en entende plus parler. Sur ce je prie dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
Federic