1753-06-15, de Franz Varrentrapp à Graf Johann Karl Philipp von Cobenzl.

Monseigneur,

La Personne touchant laquelle on a écrit de Gotha à Votre Excellence, sachant que j'ai l'honneur d'être connu de vous, m'a dit qu'elle se prive de celui d'écrire à Votre Excellence, pour ne compromettre personne.
Elle a écrit il y a huit jours à S. E. Mr le Comte de Uhlefeld et me charge de vous supplier très instamment de parler de cette affaire avec M. le Comte d'Uhlefeld, en cas que vous trouviés la chose convenable et praticable. Je ne sais pas ce dont il s'agit. La Personne en question dit qu'elle a demandé le plus profond secret à Mr le Comte d'Uhlef. mais qu'une chose à vous confiée, n'en sera pas moins secrette, et que sur cette Lettre M. le Comte d'Uhlefeld mettra au fait Votre Excellence en un moment.

Elle croit que sans être connue de vous particulièrement, il lui est permis d'attendre vos bontés, et en cas que vous trouviés les choses dans la disposition où on les souhaitte, vous êtes seulement supplié de daigner mander pour réponse, La Personne en question peut faire ce qu'elle propose. Elle vous présente sa reconnoissance et ses profonds Respects.

La Caisse de Cadix est entre mes mains et attend l'arrivée de Votre Excellence ainsi qu'un Paquet que Mr le Baron de Knebel m'a remis en Saxe.

Votre Excellence sera peutêtre déjà informée, que la fille à Mr de Reinek s'est éclipsée et s'est mise sous la Protection du Landgrave de Darmstadt, pour épouser le Capitaine Klenk, qui se tiend ici avec le plus grand sang froid du monde, laissant agir pour lui la Demoiselle. Cette avanture est plaisante et en même tems intriguante, puisque le Capite ne l'a point enlevée mais que la fille s'est retirée de son propre mouvement, et d'intelligence secrette avec son amant.

Je me flatte d'avoir bientôt l'honneur de pouvoir vous assurer de bouche des sentimens du plus profond Respect avec lequel je suis,

Monseigneur,

Votre très humble et très obéist servitr

Varrentrapp