1753-03-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

A qui faut il mon cher amy que je m'adresse pour avoir icy les livres dont j'aurai besoin pour le peu de temps que ma santé et mes occupations me permettront de rester à Leipzik?
J'espère que le supplément au siècle, et la tragédie de Rome sauvée feront un petit volume que vous vendrez bien. Je suis enchanté de pouvoir vous rendre service.

Si vous vouliez raccomoder un peu votre édition en sept volumes, j'ay aporté des matériaux. J'ay bien peur que cette malheureuse édition dont je n'ay jamais eu une seule feuille à corriger ne soit entièrement décriée. Il y a des fautes horribles à chaque ligne. Je serai icy votre correcteur. Vous ne sauriez croire à quel point je suis affligé de la mauvaise exécution de cet ouvrage. Je me flatte au moins que vous n'en avez pas dré un grand nombre d'exemplaires. Mandez moy si vous voulez qu'on refasse la moitié d'un volume et une ou deux feuilles dans les autres. Pour le supplément, je vous réponds d'un promt débit, mais il faudrait que Breitkopft se pressast.

Il me faudrait six exemplaires reliez en veau du siècle, et deux volumes de monsieur d'Alembert qui viennent de paraitre et qui doivent être déjà en Allemagne.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. Je suis bien malade, mais je travaillerai encor pour vous faire plaisir.

V.