1753-03-08, de Baron Reinhard von Gemmingen à Charles Eugene von Württemberg, duke of Württemberg.

Monseigneur,

En conséquence du gracieux Rescript de v. A. S. du ier de ce mois adressé au Conseil, on a donné les ordres les plus précis au Receveur Général, de payer annuellement à mr Arouët de Voltaire et pendant sa vie la some de 3300 Ecus d'Empire en quatre payements égaux, et après sa mort à sa nièce Mignot, veuve du sr Denys, celle de 600 Reichsdaler, aussi pendant sa vie, indépendament d'une autre some de 4200 Ecus même monnaye qui lui doit être délivrée annuellement conséquement aux ordres qu'il lui a plu de donner audit Conseil daté du 26 Xbre de l'année passée.

Je n'aurai jamais rien de plus empressé qu'à exécuter à la lettre les ordres dont V. A. Sme trouvera bon de me donner, et il n'y aura qu'une impossibilité insurmontable qui pourra m'empêcher d'y satisfaire.

Au premier payement qu'on a ordonné de faire à Mr de Voltaire de la rate des 4200 Ecus, il a fait difficulté de la recevoir sous prétexte, que V. A. S. s'êtoit engagée envers lui de le faire satisfaire en argent au cours des Espèces de Brandenbourg: il s'en présente une autre qui consiste à sçavoir aux fraix de qui ces payements doivent être faits, si c'est à V. A. S. ou à Mr de Voltaire de les supporter. J'ay supplié V. A. S. de me faire parvenir à ce sujet ses ordres, par une très humble remontrance du 12 janvr de cette amée. Je prends la liberté de réïtérer mes instances et de me faire parvenir ses gracieuses intentions sur ces deux chefs afin d'être en état de prévenir les plaintes que Mr de Voltaire pourroit faire qu'on ne remplît pas la convention faite avec lui.

Rien ne peut égaler les sentiments du très profond respect, avec les quel j'ay l'honneur d'être

Monseigneur

De V. A. Sme

Rd. Gemingen