à Montb . ce 8 févr. 1754
Mr
Les ouvrages qui jusqu'à présent sont partis de vôtre main, ont êté reçus du public avec un applaudissement si général, qu'il n'est pas douteux, que celui que vous m'avés fait l'honneur de m'envoyer sur l'histoire de L'empire, n'aye le même sort, et ne soit goûté et lu avec empressement, tant en France, qu'en Allemagne.
L'obligation que je vous ai Monsieur, de l'envoy de ce Livre, est des plus parfaites; j'ay comencé à le lire avec une entière satisfaction; il instruit et amuse le lecteur en même tems.
J'ai été fâché d'apprendre par vôtre lettre du 28 du mois de janvier passé, que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire, que vous soyez gêné par les certificats de vie que le Receveur Flachsland exige de vous à chaque payement qu'il est chargé de vous faire de la Rente que vous avès sur S. A. Sme Msgnr le Duc de Würtemberg. Il n'a rien fait à ce sujet qu'en conformité des ordres que j'ay reçus de la part de sadite Alt. et de ceux que je lui ai prescrit en conséquence, mais ces certificats seront inutiles, pendant le tems, que vous resterés dans la Province d'Alsace; come il connoit vôtre main il pourra se contenter d'une quittance et d'une lettre que vous prendrez la peine de lui écrire à chaque payement, c'est ce que je viens de lui faire connoitre. Et si dans la suite, Vous jugiez à propos de vous éloigner de cette Province pour choisir ailleurs votre séjour, je me flatte que Vous pratiquerez volontiers toutes les précautions nécessaires pour qu'il n'y ait point d'erreur, ni de méprise dans les payements qu'il doit vous faire.
Charmé, si par cet arrangement, j'ay le bonheur de vous satisfaire sur cet objet, je n'aurai jamais rien de plus empressé qu'à aller au devant de tout ce qui pourra Vous faire plaisir, de vous convaincre de mon dévouement parfait, & des sentiments de la considération très distinguée avec lesquels j'ay l'honneur d'être,
Mr
Rd. Gemingen