1753-02-21, de Conseil de Berne à Voltaire [François Marie Arouet].

On m'a remis la lettre, que Vous avez pris la peine d'écrire au secrétaire Principal du Conseil Souverain de cette Ville avec son incluse pour LL. EE. par la quelle Vous insistez Monsieur à Leur demander la permission de Leur dédier la dernière de Vos pièces de Théâtre.
Je n'ay pas manqué de la produire en sénat, où c'est que Lecture en ayant été faite, J'ay reçu ordre de LL: EE: d'avoir l'honeur de Vous dire Monsieur en réponce, que quoyqu'Elles se trouvent extrêmement flattées de L'offre d'un home de Vôtre Réputation, et qui s'est rendu si célèbre dans la République des Lettres, que cepandant des raisons importantes, qui n'échaperont pas à Vôtre pénétration ne Leur permettent pas de Condescendre à Vôtre Demande quelque portées que LL: EE: soyent d'ailleurs de Vous donner Monsieur en tous rencontres des marques de la Considération particulière, qu'Elles auront toujours pour une personne de Vôtre caractère. Aussy pouvez Vous Monsieur être persuadé, qu'indépendement des raisons qui Les empêchent d'accepter la dédicace de Vôtre pièce, Elles vous accorderont toujours leur Protection, la qu'Elle vous sera toute acquise Monsieur si jamais vous pouviez vous trouvér dans le Cas d'en avoir besoin, ou qu'Elle puisse vous être de quelque utilité.

Voilà Monsieur ce que J'ay ordre de vous dire de leur part. Quant à mon particulier J'espère Monsr. que vous voudrez bien me faire la justice d'être persuadé que Regis ad exemplum Je ne resteray pas en arrière, lorsqu'Il s'agira de Vous convaincre des sentiments de vénération avec les qu'els J'ay l'honeur d'être,

Monsieur,

etc. etc. etc. etc.

C. Gross, Chancellier de la République