Berlin le 3 Févr. 1753
Je viens de lire la première feuille de la défense de votre appel.
C'est la victoire de Rocou après celle de Fontenoi. Il est bien douloureux que jamais s. m. pruss. n'ait lu votre appel, qui est un chef d'œuvre de logique; il n'aurait certainement pas fait cette lettre cruelle, qui est le plus grand de mes chagrins, puisque c'est ce qui lui a fait le plus de tort dans l'Europe. Il a le malheur qu'ont tous les rois, de ne savoir pas un mot de la vérité. Il ignore qu'à l'Académie Maupertuis fit apporter le jugement contre vous, tout dressé; il ignore qu'aucun académicien ne signa, et que la chose ne fut seulement pas mise en délibération. Comment le saurait il? Aucun académicien n'ose parler, et Maupertuis a été le Phalaris de la littérature. Je vous écris par Rotterdam sur une autre affaire. Vale.
Voltaire