1752-09-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Louis Auguste Fouquet, duc de Belle-Isle.

Monseigneur,

Après avoir eu l'honneur de répondre, il y a plus d'un mois à la lettre que vous avez bien voulu m'écrire, je fis partir par les chariots de poste le livre que vous aviez eu la bonté de me demander, et je l'adressai, couvert de toile cirée, au sieur Korman, marchand et commissionnaire à Strasbourg.
Je lui écrivis, et je lui donnai pour instruction de remettre ce paquet à votre adresse entre les mains de la maîtresse des postes de Strasbourg. J'ai l'honneur de vous en donner avis, n'ayant point reçu de réponse de ce Korman. Quand il serait mort, vous n'en devriez pas moins avoir votre paquet; car il y a deux frères Korman et compagnie. J'avais reçu plusieurs ballots par leur canal. S'ils sont tous morts, et qu'ils n'aient point eu de billets de confession, on aura peut-être mis le scellé sur leurs effects. Comme le livre n'est point hérétique, j'espère qu'il vous sera rendu. J'ignore à présent, monseigneur, en quel lieu vous êtes, si vous rendez Metz imprenable, ou si vous embellissez votre terre. En quelque endroit que vous soyez, je vous souhaite autant de santé que vous avez de gloire.

J'ai l'honneur d'être, etc.