1752-02-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Louise Denis.

Non ma chère enfant je ne vais point à Potsdam, je suis encor trop malade.
Je me console en vous écrivant encore. Je ne vous ay point répondu sur quelques articles de votre n. 20 du 3 février. Quoy, vous vous imagineriez sérieusement que je vous ay jetté le chat aux jambes, et que je me suis excusé à vos dépends envers les anges sur la Gossin! Je leur ay écrit au contraire qu'ayant fait un nez à la romaine à Aurélie, il n'y avait pas moyen de charger melle Gossin d'un tel rôle. Vrayment vous êtes bien bonne d'avoir pris mes plaisanteries à la lettre. Aprésent que je vous écris Rome a eu probablement son arrest. Vous me rassurez sur la réputation du siècle, mais il nous faut Corbi. En cas que Rome ait été honnêtement reçue, je voudrais bien la dédier au roy. Faites en demander la permission par Me de Pompadour ou par mr Dargenson. Il me semble que cette démarche seroit décente. Faittes la réussir. Vous devez faire réussir tout. Peutêtre après tant d'obligations vous devrai-je un jour la santé. J'en ay bien besoin, et je ne sçai plus que devenir. Je vous embrasse tendrement.

V.