1751-11-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Recevez madame les tendres et respectueux hommages du plus hibou des hiboux.
Ma misérable santé ne me permet pas d'aller à Berlin pour revenir le lendemain après avoir couru les reines et les ministres. J'attends le mois de décembre pour venir me fixer auprès de vous. Je vous suplie de m'honorer de vos bontez auprès de Monsieur le comte de la Lippe. Il a une bien bonne part à mes regrets. La Baumelle n'a point vu le roy à Potsdam. J'écris à Paris pour savoir qui il est. Il me parait homme de lettres cherchant pratique, et puis c'est tout. Le discret et poli chambellan d'Italie n'a aucune part au projet d'enrôler sous nos drapaux le galant petit astronome baiseur de mains, dont vous me parlez. Il est bien loin d'entrer dans les mesures du dur et féroce personnage dont vous avez à vous plaindre. On m'a dit que ce malheureux juif Hirshell est très impliqué dans l'affaire d'un certain valet de chambre d'une princesse. En pouriez vous savoir quelque chose? Je ne doute pas que ce scélérat ne soit capable de tout, mais il est bon qu'il soit reconnu. C'est trop vous parler des pervers soit juifs soit autres. Conservez moy vos bontez madame, avec cela je ne crains ny les gens de l'ancien testament, ny les hypocrites qui affectent de tenir pour le nouvau.