ce 20 mai 1751
Permettez moi monsieur, de vous rendre conte de la réussite de l'affaire dans la quelle vous m'avez obligé si efficacement.
Quand Lonchant a vu que mon portier et mes autres domestiques étoient près à faire leur déposition chez un comissaire et que M. le Maréchal de Richelieu s'étoit chargé de faire faire celle de l'homme qui avoit copié chez moi pendand mon apsence, que vous daigniez faire usage de ces dépositions, la peur a pris si vivement à ce Lonchant et à la femme qui étoit sa complice qu'il m'est venu trouver, m'a tout avoué et m'a tout rendu. Il avoit exactement tous les papiers de mon oncle, c'est à dire son histoire universelle, celle du siècle de Louis 14, les campagnes de Louis 15, et cette pucelle qui sans vos bontez seroit devenue la fiancée du roy de Gap. J'espère que cette petite leçon rendra à l'avenir M. de Voltaire moins confiant. Nous sommes tous deux pénétrez des soins que vous avez bien voulu prendre. Je voudrois vous convaincre de ma reconnaissance et des sentiments avec les quels j'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissante servante
Mignot Denis