30 mars [1751] à Potsdam
Je fais partir par les voitures de Dresde, Monsieur, les exemplaires nécéssaires pour la nouvelle édition que vous projettés.
J'ai corrigé avec un soin extréme touttes les fautes d'impression, ce qui n'a pas été un travail médiocre. J'ai augmenté l'édition d'un grand tiers et distribué les matières de façon que le tout le contiendra que neuf volumes. L'édition peut méme étre facilement réduitte à 8 tomes en faisant un seul volume du 3 et du 4 et en se servant d'un caractère un peu moins gros. Je vous conseille de prendre ce dernier parti qui favorisera d'avantage votre débit et de faire surtout l'édition dans une forme plus petite car un 12. est beaucoup plus commode qu'un 8. et s'achette plus aisément. Vous voïés que je songe assés à vos intérests.
Je suis fort occupé de l'histoire du siècle de Louis 14. Mais cet ouvrage ne sera pas sitôt près. J'attends des manuscrips de Paris. J'ai encore besoin de quelques livres, mais surtout j'ai besoin de tems pour rendre l'ouvrage moins indigne de l'impression; plus je l'aurai travaillé avec soin et plus il vous deviendra utile. Comptés que je n'y perdrai pas un moment et que je vous donnerai cet ouvrage avant que vous aïés achevé l'édition que vous allés faire. Je n'exigerai rien de vous que des exemplaires en grand papier et je serai assés récompensé de mes travaux si un libraire qui paroit aussi honnéte home que vous peut y faire quelque fortune. J'ai reçû les livres que vous m'avés envoyé. Si vous pouvés y joindre les mémoires de Littérature du Père Desmolets, le Siècle de Louis 14 ne s'en trouvera que mieux.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Voltaire