dimanche [April/May 1748]

Mon coeur, il faudroit abso͞t que v͞s vinssiés à Comerci, car après ce que v͞s lui aués dit, et pensant come il fait àprésent, il feroit peutêtre vne scène.
Si votre santé le permet, n͞s pourons y aller demain ensemble. Ie le prierai de parler au curé, ie me meurs d'enuie de conter tout cela à m^r de Listenai, mais ie n'en ferai rien, car tout cela est inutile et il ne faut jamais faire que des confidences nécessaires, mais v͞s radottés donc de me recomander de ne pas paraitre deuant m. de Listenai sauoir ce que v͞s m'aués dit, assurém͞t v͞s êtes bien coupable de me l'auoir dit, si v͞s croiés auoir besoin de me recomander de n'en pas paraitre instruite. Enfin ie suis bien soulagée, ie v͞s asure, ie me remercie bien, ie suis bien contente, v͞s ne serés plus le prétexte, m^de de B. n'en aura plus de ne point parler p͞r v͞s auec la plus grande viuacité et ie l'y forcerai bien et ie serai moimême à portée de parler, quoiqu'on ait bien l'air de vouloir l'éluder, mais cela est bien dificile, car ie ne me laisse pas Eluder. Parlés moi de vos nouuelles, ne me parlés que de cela, ne v͞s inquiétés de rien, ie v͞s rendrai comte ce soir de ce que m'aura dit m͞e de B. et de ce que ie lui aurai dit, ie crois après tout cela réusir par besoin que de v͞s dire que ie v͞s adore, mais aiés bien soin de votre santé.