[à Paris ce 12 Juin 1747]
L'éternel malade, l'éternel persécuté, le plus ancien de vos courtisans, et le plus éclopé vous demande avec l'instance la plus importune, que vous ayez la bonté d'achever l'ouvrage que vous avez daigné commencer auprès de M. le Bret, avocat général.
Il ne tient qu'à luy de s'élever et de parler seul dans mon affaire assez instruitte, et dont je luy remettray les pièces incessamment. Il empêchera que la dignité du parlement ne soit avilie par le batelage indécent qu'un misérable tel que Mannouri aporte au bareau. La bienséance exige qu'on ferme la bouche à un plat bouffon qui déshonore l'audiance, méprisé de ses confrères, et qui porte la bassesse de son ingratitude jusqu'à plaider de la manière la plus effrontée contre un homme qui luy a fait l'aumône. Enfin je supplie mon protecteur de mettre dans cette affaire toutte la vivacité de son âme bienfaisante. Je suis né pour être vexé par les Défontaines, les Rigoley, les Mannouri, et pour être protégé par les Dargenson. Je vous suis attaché pour jamais, comme ceux qui vouloient que vous les employassiez vous disoient qu'ils vous étoient dévouez.
V.
Mille tendres respects.