à Versailles, le 10 aoust [1746]
Je vous renvoye vos livres italiens, je ne lis plus que la relligion des anciens mages, mon cher amy.
Je suis à Babylone entre Semiramis et Ninias. Il n'y a pas moyen de vous envoyer ce que je peux avoir de l'histoire de Louis 14. Semiramis dit qu'elle demande la préférence, que ses jardins valoient bien ceux de Versailles, et qu'elle croit égaler tous les rois modernes, excepté peutêtre ceux qui gagnent trois batailles en un an, et qui donnent la paix dans la capitale de leur ennemy.
Mon amy une tragédie engloutit son homme. Il n'y aura pas de raison avec moy tant que je seray sur les bords de L'Euphrate avec l'ombre de Ninus, des incestes et des parricides. Je mets sur la scène un grand prêtre qui est un honnête homme, jugez si ma besogne est aisée! Adieu, bon soir, prenez patience à Bercy, c'est votre lot que la patience.