1746-03-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Henri Feydeau, comte de Marville.

Monsieur,

J'ai eu l'honneur de vous remettre un manuscrit italien que j'ay composé pour être présenté à quelques ministres d'Italie qui daignent, faute de me connaître, avoir plus de bonté pour moy qu'on n'en a dans ma patrie.
Comme je ne compte en faire tirer que le nombre d'exemplaires que je dois envoyer, et que c'est un ouvrage qui ne sera point publié icy, mais qui sera seulement imprimé dans les journaux d'Italie, je vous suplie Monsieur de vouloir bien me le renvoyer avec la simple permission d'en faire tirer quelques exemplaires pour cet usage particulier. Il faut que j'envoye incessament ce petit ouvrage aux personnes qui veulent bien me protéger à Rome, et je me flatte que vous ne vous y opposerez pas à Paris. Je suis venu quatre fois pour avoir l'honneur de vous en parler. Je vous demande en grâce de vouloir bien me renvoyer mon manuscrit dont j'ay d'ailleurs un besoin pressant. Je vous seray infiniment obligé.

J'ay l'honneur d'être avec respect

Monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire