1746-01-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson.

Si le prince Edoüard ne doit pas son rétablissement à M. le duc de Richelieu, on dit que nous devrons la paix à M. le marquis d'Argenson! Les Italiens feront des sonnets pour vous, les Espagnols des rodondillas, les Français des odes, et moy un poème épique pour le moins.
Ah le beau jour que celuy là Monseigneur? En attendant dites donc au roy, dites à madame de Pompadour, que vous êtes content de l'historiografe. Mettez cela je vous en suplie dans vos capitulaires. Que j'auray de plaisir de finir cette histoire par la signature du traitté de paix! Je viens d'envoyer à M. le cardinal de Tencin la suitte de ce que vous avez eu la bonté de lire. Il lit plus vite que vous. Tant mieux, c'est une preuve que vous n'avez pas de temps, et que vous l'employez pour nous. Mais lisez je vous en prie l'article qui vous regarde; c'est à la fin de 1744. Le public ne me désavouera pas, et je vous défie de ne pas convenir de ce que je dis. Le pape a envie que j'aille à Rome et le roy de Prusse que j'aille à Berlin. Mais comme un de vos confrères me traitte à Versailles! On n'est point prophète chez soy.

Adieu monseigneur, je suis pénétré de respect et de tendresse pour vous.

V.

Et que deviendront les 6000 exemplaires d'Obrian, et l'emballage?