1745-10-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.
Lorsque tu fais un si riche tableau
Du fier vainqueur de l'Issus et d'Arbelles,
Tu veux encor que je sois un Apelles!
Il falloit donc me prêter ton pinceau.

O loisir qui me manquez, quand pourai-je entre vos bras répondre tranquillement et à mon aise aux bontez de mon cher Cideville? O santé quand écarterez vous mes tourments pour me laisser tout entier à luy? Je suis accablé de mes maux d'entrailles et il faut pourtant préparer des fêtes, et écrire les campagnes du roy. Alons courage, soutenez moy mon cher amy; vous m'avez déjà encouragé dans le Poème de Fontenoy, continuez. Je vous fais icy part d'une petite lettre du st père, avec la quelle je vous donne ma bénédiction. Mais j'aimerois mieux faire pour votre académie une inscription qui pût luy plaire et n'être pas indigne d'elle. Elle réunit trois genres. Si elle prenoit pour devise une Diane, avec cette légende, Tria regna tenebat; avec l'exergue, Académie des sciences, de littérature et d'histoire, à Rouen 1745.

Bon soir. Je vous embrasse, je n'ay pas un moment. Mes respects à votre académie. N'oubliez pas Monsieur l'abbé du Renel, sur l'amitié de qui je compte toujours.

V.