1745-12-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Bernard Le Blanc.

On a cru que des inscriptions pour une ville de France, doivent être en français, et que dans ces occasions c'est faire un outrage à sa langue et à sa patrie de se servir d'une autre langue.
On prend la liberté de représenter que toutes les inscriptions pour la porte de Nevers, celles des frizes, et celle des marbres qui seront posés dans l'intérieur des côtez, doivent touttes être différentes.

Sur la frise de dehors:

Au grand homme modeste, au plus doux des vainqueurs,
Au père de l'état, au maître de nos cœurs.

Sur la frise du côté de la ville:

Sous ces arcs triomphaux, venez dans nos remparts,
Fruits heureux de la paix, du commerce et des arts.

Pour un des marbres:

inscription historique qui rassemble toutes les époques.

Dans ces temps fortunez de gloire, et de puissance,
Où Louis, répandant les bienfaits et l'effroy,
Triomphoit des anglais aux champs de Fontenoy,
Et faisoit avec luy triompher la clémence,
Tandis que tous les arts aimez et soutenus
Embellissoit l'état que sa main sçut défendre,
Tandis qu'il renversoit les portes de la Flandre
Pour fermer à jamais les portes de Janus,
Les peuples de Nevers en ces jours de victoire
Ont voulu signaler leur bonheur et sa gloire.
Montrez à nos neveux, augustes monuments,
Le zèle et la vertu de ceux qui vous fondèrent,
Instruisez l'avenir, soyez vainqueurs du temps
Ainsi que le grand nom dont leurs mains vous ornèrent.

Pour l'autre marbre intérieur:

Du règne de Louis 15 ……. intendants,
maires … échevins, Pichot architecte
La ville de Nevers, tranquille dans la guerre
et florissante malgré les fléaux publics,
éleva ce monument de son zèle.
Commencé l'an 1745, fini le … 1746.