1745-07-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Anisson-Duperron.

J'ay corrigé sur le champ monsieur le discours qu'on m'a renovyé d'Etiole à Champs.
Je l'ay envoyé à M. le comte de Maurepas, et j'ay l'honneur de vous adresser ces corrections que la prise de Gand mérite.

Si j'étois aussi content de mes vers que de vos bontez, j'aurois la vanité que je n'ay point.

V.

Je me flatte monsieur que M. le comte de Maurepas, vous renverra le discours. Si vous le voyez je vous suplie de l'en faire souvenir. Un moment suffit pour reprendre, un moment me suffit pour me corriger. Vous voyez que je ne m'épargne pas pour mériter l'honneur que vous me faites.

Ces foudres ennemis contre nous dirigez.
Venez lancer ces traits que leurs mains ont forgez.
Qu'ils renversent par vous les murs de cette ville,
Du batave indécis la barrière et l'azile.
Ces premiers fondemens de l'empire des Lis
Par les mains de mon roy pour jamais affermis.
Déjà Tournay se rend, déjà Gand s'épouvante,
Charles quint s'en émeut; son ombre gémissante
Pousse un cri dans les airs et fuit de ce séjour
Où pour vaincre autrefois le Ciel le mit au jour.
Il fuit, mais quel objet pour cette ombre allarmée!
Il voit ces vastes champs couverts de notre armée.
L'anglais deux fois vaincu, fuyant de toutes parts
Dans les mains de Louis laissant ses étendarts,
Le belge en vain caché dans ses villes tremblantes,
Les murs de Gand tombez sous ses mains foudroyantes,
Et son char de victoire en ces vastes remparts
Ecrasant le berceau du plus grand des Cezars.
Français, heureux français, peuple doux et terrible
C'est peu qu'en vous guidant Louis soit invincible,
C'est peu que le front calme &ca.

comme dans l'imprimé.

l'autrichien plus fier
mettez
l'autrichien rempli
pour d'un autre saxon
mettez
près d'un autre Saxon.
page 26
on joint l'art à la force
mettez
les pièges sont dressez.