1745-07-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Anisson-Duperron.

Il est bien juste monsieur de ne pas oublier Ostende dans l'énumération des conquêtes du roy, je vous suplie d'ordonner qu'on insère le morceau suivant à la page 27.

Il fuit; mais quel objet pour cette ombre allarmée!
Il voit la Flandre entière en proye à notre armée,
Ses pâles deffenseurs fuyant de toutes parts,
Dans les mains de Louis laissant leurs étendarts;
Le Belge en vain caché dans ses villes tremblantes;
Les murs de Gand tombez sous ses mains foudroiantes,
Son char victorieux dans ces vastes remparts
Ecrazant le Berceau du plus grand des Cesars;
Ostende qui, jadis, a durant trois années
Bravé de cent assauts les fureurs obstinées,
En dix jours à Louis cédant ses murs ouverts;
Et l'Anglais effrayé sur le trône des mers.
Français, heureux français, etc.

J'abandonne la médaille, mais si vous pouvez Monsieur ôter les cadres, vous me ferez plaisir. La chose sur laquelle j'insiste c'est sur la promptitude de l'impression des trois cent exemplaires que M. le comte de Maurepas a la bonté de m'acorder, et sur ces petites additions qui me paraissent nécessaires. Je les soumets au jugement de M. le comte de Maurepas à qui je vous suplie de les montrer, je ne crois pas que je puisse luy faire ma cour demain mais je ne peux mieux la luy faire qu'en travaillant, autant qu'il est en moy dans mon genre, à célébrer la gloire du roy.

J'ay l'honneur d'être monsieur avec bien de la reconnaissance, votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire