1745-06-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à André Joseph Panckoucke.

Monsieur de Voltaire est très sensible à l'attention qu'a eue Mr Pankouke d'imprimer si bien un ouvrage consacré à l'honneur du roy et de la nation.
Il doit avoir reçu le dernier exemplaire de Paris avec l'épître dédicatoire, le discours préliminaire et les additions dont M. de la Porte a eu la bonté de se charger.

Mr de Voltaire prie M. Pankouke de vouloir bien faire attention aux observations cy jointes.

1. dans L'épître, au lieu de journée la plus mémorable mettez — la plus glorieuse

au lieu de, de grandes véritez sans fiction et du zèle sans flatterie, mettez — et de grandes véritez sans mélange de fiction ny de flaterie.

2. dans le discours préliminaire

si la nature de l'ouvrage le permettoit

mettez,

si la nature de L'ouvrage le comportoit

ce n'est donc qu'après s'être laissé emporter aux premiers mouvemens de zèle ôtez ce donc.

Dans le poème, ôtez ces deux vers

Hélas cher Longaunay les plus heureux secours
Ne réuniront point la trame de tes jours.

et mettez à la place

Hélas cher Longaunay quelle main, quel secours
Peut arrêter ton sang, et ranimer tes jours?
L'art qui peut te guérir

mettez

L'art qui veille à ta vie.

Dans la note treize, ajoutez, mr de Guerchi fut presque le seul qui ne fut point blessé.

Déjà cent mille voix dans les airs font entendre.

mettez,

mille cris redoublez dans les airs font entendre.

Mr de la Porte a eü la bonté de se charger de vous communiquer les autres remarques et Mr de Voltaire vous fait ses remercimens.