1765-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Je prie Monsieur Caro d'interrompre un moment les affaires politiques pour me mander si

Il a entendu par les deux premières feuilles de l'hist: de Charles 12 déjà tirées, les discours préliminaires, ou s'il a entendu l'hist: elle même? Ces discours préliminaires contiennent 58 pages dans l'édition in 8. que j'ai sous les yeux.

Il serait très convenable de placer l'addition que je prépare à la fin de ces discours préliminaires, plutôt qu'à la fin de l'histoire.

Je souhaitte qu'on ait commencé en éffet par ces discours, parce que je viens de recevoir du bureau des affaires étrangères des écclaircissements sur les premiers temps des expéditions de Charles 12. Il est important que mr Cramer me fasse une réponse positive et prompte. Il l'enverra chez mr Souchai à dix heures.

Je le prie de me renvoier aussi la Lettre que je lui ai confié; il m'a promis de n'en laisser courir aucune copie dans Genêve. Je me flatte qu'il ne laissera pas ignorer à mr Tronchin Boissier que j'ai marqué la plus vive indignation contre la lettre du citoien à Jean Jaques, dans laquelle un homme de son mérite est si indignement outragé. Je veux bien qu'on sache que quelques personnes des rues basses, qui n'ont point du tout l'esprit bas, viennent quelquefois se promener à Ferney et me voir. Quiconque vient chez moi me fait honneur, mais je n'adopte aucun parti que celui de la tranquilité et de la paix.

Mr le Duc de Praslin, mr De ste Foi [so]n 1er commis digne de toute sa confiance, mr Henin qui m'honore de son amitié peuvent me rendre témoignage que je ne leur ai jamais rien écrit sur Genêve dont personne ait le moindre sujet de s'allarmer. J'ai l'honneur d'être voisin de la République, et je dois souhaitter plus que personne sa prospérité et son repos; et je suplie mr Cramer d'assurer les parents et les amis qu'il a dans le Conseil, que j'ai droit à leur bienveillance par mes sentiments.