1745-05-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson.

Malgré L'envie cecy a du débit; seriez vous mal reçu monseigneur à dire au roy qu'en dix jours de temps, il y a eu cinq éditions de sa gloire?
Noubliez pas je vous en prie cette petite manœuvre de cour.

Je croiois monsieur votre fils à Paris. Point du tout, il instrumente avec vous. A t'il vu la bataille? Il se seroit mis avec son cousinà la tête des moutons de Berry. Je le suplie de lire cette cinquième édition, la plus correcte de touttes, la plus ample et la plus honnête.

J'en envoye de cette fournée à je ne sais combien de testes couronnées. Vous permettez bien suivant votre bénignité ordinaire que j'en mette quelques unes sous votre couvert, aux Valoris, aux Onillons, aux Laville, à tous ceux qui auroient été honnis en pays étranger si nous avions été battus.

J'en envoye à M. l'abbé de Canillac, et je le remercie de ses bontez que je vous dois. Mais j'ay bien peur que l'abbé de Tolignan et le cardinal Aquaviva ne soient fâchez qu'on leur soufle une négociation. Je veux avoir mes médailles papales, et je vous suplie que M. l'abbé de Canillac traitte cette grande affaire avec sa très grande prudence.

Adieu monseigneur, triomphez et revenez avec le rameau d'olivier.