1767-02-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Manoël de Végobre.

Je vous demande pardon, Monsieur, si je ne vous ai pas remercié plutôt de vôtre Lettre.
J'ai eu beaucoup de difficultés à surmonter pour les Sirven, mais je ne me rebute pas aisément, et toutes les fois qu'il s'agira de deffendre l'innocence contre les opresseurs je combattrai jusqu'à mon dernier soupir. Il y a trois ans que je poursuis cette affaire, et j'espère encor en voir le succez avant ma mort.

Mr Le Duc De Choiseul a donné le brevet le plus honorable, le plus ample et le plus favorable à Mlle Calas au sujet de son mariage avec le ministre de la chapelle de l'ambassadeur de Hollande à Paris. C'est une grande nouvelle. Il faudra bien en venir à la fin au dogme abominable de la Tolérance. Mais souvenez vous un jour, vous autres ennemis des usurpations papales d'être tolérants à vôtre tour.

Adieu, Monsieur, permettez moi de vous embrassez tendrement sans cérémonie.

V.