à Paris ce 3 [May 1745]
Eh bien il faudra donc vous laisser partir sans avoir la consolation de vous voir.
Partez donc, mais revenez avec le rameau d'olivier, et que le roy vous donne le rameau d'or, car en vérité vous n'êtes pas payé pour la peine que vous prenez.
Vous avez eu trop de scrupule en craignant d'écrire un petit mot à M. l'abbé de Canillac. Je vous avertis que je suis très bien avec le pape, et que M. l'abbé de Canillac fera sa cour en disant au st père que je lis ses ouvrages, et que je suis au rang de ses admirateurs comme de ses brebis. Chargez vous je vous en suplie de cette importante négociation. Je vous répons que je seray un petit favori de Rome sans que nos cardinaux y ayent contribué.
Que dites vous monseigneur de la princesse royale de Suede qui me prie de faire un petit voiage à Stokolm, comme on prie à soupé à la campagne? Il faut être Maupertuis, pour aller ainsi courir dans le nord. Je reste en France où je me trouverois encor mieux si madame du Chastellet se mettoit à diner avec vous.
J'ay une grâce à vous demander pour ce pays du nord, c'est de permettre que je vous adresse en Flandre un paquet pour Mr Dallion. Ce sont des livres que j'envoye à l'académie de Petersbourg; et des flagorneries pour la czarine.
Adieu monseigneur, je vous souhaitte de la santé et la paix, et je vous suis attaché comme vous savez pour la vie.
V.