de Launay ce 25 janv. 1745
Quoy ne Liray je point ces Epistres sublimes
Qui vont encourager les Rois
A mériter qu'un jour vos immortelles Rimes
Gravent sur l'airain leurs Exploits?
Quoy je n'entendray point par quels nouveaux miracles
Les jeux d'hymen sont consacrés,
Si Thalie ou ses soeurs vont orner les spectacles
Que vostre main a préparés?
Le monde voit de deux Rois sa gloire assurée
D'emplir de vos chants l'univers
Il est, et j'y respire encore, une contrée
Où n'ont point retenti vos vers.
Ne dédaignés donc plus l'amy que La Paresse
Retient loin de vous dans ses bois,
Fidéle à vos héros, à vous à ma tendresse
Que j'entende au moins vostre voix.
Au milieu des faux dieux que Le flatteur implore
Pouriés vous avoir oublié
Que vos mains ont basti cet autel où j'adore
Le vray dieu du Coeur, l'amitié?
Sans fraude voyés y comme sans industrie
Mes dons apendus aux Lambris,
Ce sont des voeux constans pour ma nymphe chérie
Et Les vers que je vous écris.
Nommés moy donc du moins les fleurs de la guirlande
Que vous choisit le dieu du goust,
En tout genre de vers et mesme de commande
Pour vous seul capable de tout.